👀 L’œil de Miro 👀
Retour sur la soirée : Lettres de Poilus et concert Ginette Duglu et Denis Reignoux
Drôle de tiraillement ce soir entre les lettres de poilus ou
moins poilus dites par des lecteurs de tous âges (de 6 à 87 ans…) et la joyeuse
truculence de Ginette DUGLU, accompagnée aux claviers par Denis REIGNOUX.
Sincèrement, je ne suis pas un passionné des commémorations
surtout avec des professionnels patentés du discours avec intentions
électorales à la clé… Mais l’idée de lectures de lettres émanant de simples
quidams ou de leurs familles, pris dans la folie furieuse de ce qu’ont été ces
quatre années d’écartèlements physiques et psychiques, m’a a priori touchée
surtout quand ils sont transmis par les générations suivantes… Non pas par
désir masochiste de pathos lugubre mais plutôt pour pouvoir peser le chemin
parcouru, comprendre les combats et les joies d’aujourd’hui…
Que tant de sacrifices souvent stupides et inutilement
héroïques nous aient, par d’étranges élans, donné des décennies glorieuses et
que la der des ders n’en ait pas été une, doit quand même un peu rester dans
les mémoires pour y graver définitivement que nos drames quotidiens devraient
se limiter au vol d’un Smartphone (private joke) 😉 et aux aléas ordinaires du quotidien, pour que nos vies
et celles des futures générations s’emplissent de bonheurs et moins bonheurs
éternellement hors de ces horreurs absolues connues par nos aïeux….
Oui, les quelques témoignages cités ce soir portaient tous
les tiraillements formidables – au sens premier du mot – des êtres humains qui
les portaient, les subissaient directement ou à distance… Et nous y avons fait
un voyage forcément plein d’émotion, de rage, de désespoir mais aussi de leurs
pendants positifs manquant à l’appel…
Des personnes comme vous et moi sont donc venus faire honneur
à leur mémoire et ce fut tout simplement beau et puissant, humble et prenant.
Pour faire une balance salutaire entre ces émotions dont je
ne suis pas sûr que la plupart d’entre nous puissent imaginer la profondeur
réelle, Ginette DUGLU, un sacré bout de bonne femme tout droit sortie d’un
faubourg de Ménilmontant ou de Montmartre, y est allée de sa gouaille tantôt
réaliste, tantôt amoureuse, tantôt désopilante pour nous transporter dans un
monde disparu mais pourtant bien ancré dans nos gènes où les mots font la java,
les midinettes tombent amoureuses de petites crapules, les amants
s’entredéchirent sourire aux lèvres ou illuminés de nouveaux espoirs. Les rimes
et les tempos ont l’air d’avoir été cousus sur elle comme pour la couronner
reine d’une mission de faire revivre les pépites d’un filon qu’on croyait
totalement comblé et inatteignable…
Elle et son metteur en son ont ravivé ce soir avec l’une sa
voix unique de chanteuse des rues d’un autre temps et l’autre l’art minimaliste
de poser l’écrin où exposer cette voix aux oreilles d’un public juste mis en
joie, noyé de nostalgie ou soudain de nouveau amoureux… Une soirée mémorable
dans tous les sens du terme où chacun est sorti à la fois joyeux et meurtri,
prêt à un demain qui enchante et à tenter de le fabriquer… 😉
Magie des petites salles, encore un privilège qui, nous, ne
nous aura pas échappé…
mp