L’œil de Miro – La
K’Bane à Boukan – Samedi 17 juin 2018 19 h – Fête de la MJC
Chaque année, depuis des temps immémoriaux, un
rituel a lieu en contrebas d’une butte de La-Celle-Saint-Cloud un peu avant
l’équinoxe d’été et qui rassemble des hordes d’individus et de familles venues
des coins les plus sombres de la région aux allures étranges car inhabituellement
souriantes et curieusement détendues.
Ces douzaines d’autochtones – pour la plupart –
viennent en groupe s’assembler sur des tables
disposées autour des braises de plusieurs feux pour procéder à une messe
païenne – plutôt laïque – en l’honneur de la communauté des gens heureux. Ils
s’installent sans grand bruit, apportant leurs ustensiles et nourriture pour
partager ensemble une sorte de sabbat curieux où ils se parlent, se
rencontrent, se retrouvent, se découvrent, s’apprivoisent ou s’observent.
Quelles que soient leurs origines et leurs statuts,
qu’ils soient quidam ou édile, artiste ou artisan, employé ou non, ils prennent
quelques heures de leur temps pour communier étrangement, sans aucun dogme ou
rituel établi, autour de pratiques alimentaires de toutes sortes –
végétariennes, carnivores, consacrées ou non, cuites ou crues, bio ou non,
légères ou hypercaloriques – et avec des boissons plus ou moins bonnes pour la
santé sans aucune autre arrière-pensée que jouir de ces moments de liberté totale.
Une fois repus et enrichis de rencontres, ils
peuvent aller jusqu’à se mettre à chanter sur une scène où une troupe de
musiciens aguerris leur fournit les airs envoûtants issus de la tradition
populaire – variété française ou internationale, chansons réalistes ou scies
antédiluviennes. Ils nomment cela Quara Aux Quais, expression ésotérique qui
semble signifier « Saut dans l’abime du don à autrui». C’est une sorte de
transe où l’insupportable harmonique se mêle au sublime mais dont il ressort
que les individus de cette secte, parfois acoquinés par grappes, s’offrent
généreusement au reste du clan pour exorciser des maux ancestraux inconnus de
nous mais si beaux et si exemplaires pour nos civilisations policées.
Cet enivrement indigène m’a envouté et je suis
persuadé d’y revenir l’année prochaine pour tenter de comprendre quelque chose
de plus de cette osmose mystique que cette population bizarre m’a procurée.
Vive le bonheur collectif ! 😉
Et bravo, comme chaque année, à toute l’équipe de
la MJC – à commencer par C.S. ! – qui offre à tous la possibilité d’y accéder
sans aucun autre effort que de venir avec son sourire…
Mp
PS Et on ne m’a même pas demandé un sou
(heureusement) pour être là ! Incroyable, je vous dis !